A l’origine, j’avais en tête l’image d’une femme enceinte qui étale du gel sur son ventre et se passe la sonde de l’échographe. J’imaginais une sorte de danse, lente, avec une image vidéo qui se devinerait à mesure qu’elle passe le gel sur son ventre. Comme pour voir au travers. J’imaginais que ce moment soit l’antithèse de ce qu’on suppose être la douleur des contractions. Un soulagement extrême, une euphorie, une jouissance. L’image de cette danse sensuelle et étrange est devenue une histoire.
Une femme enceinte comme une bombe à retardement, comme une exhibition, une protubérance obsédante, une impudeur.La grossesse. Le féminin. La monstruosité. Le monstre. La difformité. Un être vivant dans un autre être. Une partie du corps d’une femme, qu’on déchire pour qu’il devienne un être à part entière. L’enfant est un bras. Comment fait une mère pour se séparer de son bras ? C’est un phénomène à la fois évident, ancestral, et inconcevable. La gestation. Façonner dans le secret. Garder longtemps pour soi, loin du regard des autres, le temps de concevoir chaque élément du vivant avant de l’extraire de soi. Après il ne nous appartient déjà presque plus. Réaliser de toute pièce un être unique. Fabriquer le vivant. Un acte de création.
Marion Pellissier
Un spectacle de La Raffinerie :
http://www.laraffinerie.eu